La Banque mondiale ne finance pas des projets d’envergure en République du Congo. Ce constat a été relevé par les parlementaires qui ont exprimé leur indignation aux Administrateurs de cette institution bancaire en séjour de travail au Congo. C’était au cours d’un échange tenu le 17 mai 2023 au Palais du parlement.

Selon les parlementaires congolais, le portefeuille des projets financés par la Banque mondiale parait très faible au regard des situations à résoudre. Il est globalement évalué à 750 millions de dollar à peine avec des pourcentages de financement peu intéressants.  Par exemple, le projet sur l’accélération numérique, d’après les statistiques de cette institution bancaire de 2017, représente 7% du financement global ; l’agriculture 13% ; les affaires sociales 22%. L’éducation qui devrait être prioritaire ne représente que 7%. Ainsi, ce faible niveau de financement des projets justifie les inquiétudes des élus du peuple.

 « Les projets financés par la Banque mondiale au Congo n’atteignent pas en moyenne 50 millions de dollar. À la limite, on peut dire que la Banque mondiale s’engage au Congo en adoptant une politique d’émiettement des projets. Il n’y a pas de projets d’envergure. L’enveloppe de 750 millions de dollar pour un pays, c’est quasiment un projet en République démocratique du Congo (RDC), pour ne pas faire une comparaison. Sinon, vous avez quelquefois que les projets de 12 millions de dollar. Comment voulez -vous qu’on aille au développement, si on n’a pas un capital humain bien formé. Mais pour former, il faut des moyens », s’est exprimé, Maurice Mavoungou, président de la Commission économie, finance et contrôle de l’exécution du budget de l’Assemblée nationale.  De même, ces projets ont une durée réelle d’exécution de 4 à 5 ans seulement. Cette durée ne montre pas assez d’impact au regard de certains projets transversaux qui touchent plusieurs domaines.

 Vue des Administrateurs du Groupe de la Banque mondiale

Le Congo rencontre, en outre, des réticences à l’endroit des partenaires dans le développement, la mise en œuvre des décaissements et la validation des projets. Selon les représentants du peuple, les procédures sont trop longues. Sur ce, ils sollicitent une amélioration au niveau des orientations, des procédures et une réévaluation des différents projets. Aussi, le groupe de la Banque mondiale devrait-il prévoir un mécanisme pour appuyer les ministères à s’approprier les projets.

 Par ailleurs, les Administrateurs de la Banque mondiale qui ont échangé avec les membres des Commissions Economie et finances ; Santé, affaires sociales ; Environnement et développement durable, des deux chambres du Parlement, ont reconnu cette faiblesse. « Sur la taille des projets et même sur l’ensemble de l’enveloppe, je partage vraiment vos points de vue. Je crois que mes collègues ont reconnu que le portefeuille n’est pas très grand par rapport au reste des pays. Les projets sont petits. De notre côté, lorsqu’on regarde, il y a des transactions qui ne sont pas très intéressantes pour avoir un impact. Mais, l’indicateur qui désavantage le Congo, c’est la gouvernance et le climat des affaires. Concernant les indicateurs d’évaluation, sur 6, le Congo est pointé à 2,5 », a indiqué, Arnaud BUISSE, membre de la délégation, Administrateur – représentant la France au Conseil d’administration du groupe de la Banque mondiale. Aussi, a-t-il précisé que les efforts entrepris par le Congo avec le FMI pour améliorer la transparence des finances publique aidera la Banque à augmenter l’enveloppe pour un effet direct.

 Pour sa part, Abdoul Salam Bello, chef de la délégation, Administrateur du groupe Afrique II au Conseil d’Administration de la Banque mondiale, a exhorté les parlementaires à s’impliquer plus dans le contrôle des projets. « La banque a vocation à servir et à apporter des solutions à la population. Le rôle des parlementaires s’est aussi de s’assurer respectivement des programmes et des projets qui sont mis en œuvre pour un impact des circonscriptions. L’agenda que nous portons aujourd’hui au sein du conseil de la Banque mondiale, dans le cadre de sa réforme, prendra en compte toutes ces questions », a -t-il conclu.