Dans le cadre de la gestion, de la protection de l’environnement et du sanctuaire des gorilles, Brenda Ndengue, Représentante ‘’ Pays de la Fondation Odzala Kokoua – Lossi, assure la collaboration entre la République du Congo et l’ONG sud-africaine, African Park. Un travail qu’elle accomplit avec beaucoup de plaisir. Dans cet entretien réalisé avec ‘’ Datsoue News ‘’, elle nous parle du site, des difficultés rencontrées dans l’exercice de son travail.
Datsoue News (DN) : Inscrit récemment au rang de patrimoine mondial de l’UNESCO, à Riyad en Arabie Saoudite, le Parc national d’Odzala Kokoua est devenu une fierté pour le peuple congolais. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Brenda Ndengue (BN) : Effectivement, le parc a été inscrit au rang du patrimoine mondial de l’UNESCO, c’est une grande fierté. Nos efforts, associés à ceux de l’Etat congolais et de notre partenaire principal African Parks, ont été récompensés en matière de préservation de la faune et de la flore. Cette aire protégée conjugue à la fois la conservation de la nature, le développement économique par l’écotourisme et le bien être des communautés locales. Le parc national d’Odzala Kokoua est la plus vieille aire protégée au Congo et aussi la plus grande de par sa superficie. Il est situé à cheval entre les départements les départements de la Cuvette ouest et de la Sangha, avec une superficie de 13 546 km2. Elle est l’une des plus importantes aires protégées de la sous-région et du pays. De plus, le parc a été désigné réserve biosphère en juin 2022, lui conférant le caractère unique de site mondial pour la biodiversité par sa richesse naturelle et les espèces rares qui y cohabitent.
DN : Quel est votre rôle au sein de cette structure ?
BN : Mon rôle principal au sein de la Fondation est de gérer le partenariat entre la République du Congo et l’ONG sud-africaine, African Park. Cette organisation apporte l’expertise. L’Etat congolais se charge de la partie conservation et protection de ces aires protégées. Je crée une espèce de pont entre les deux partenaires afin de faciliter les deux parties. Cela implique beaucoup de travail dans la communication, la gestion d’images et dans la vulgarisation des deux aires Odzala Kokoua et Lossi.

Brenda Ndengue (à droite) et sa collègue (à gauche)
DN : Justement en parlant d’appropriation, est-ce que la population peut- elle visiter ces aires protégées et à quel prix ?
BN : Déjà ce qu’il faut savoir, ce n’est pas le prix qui compte. Notre objectif premier est avant tout de montrer aux congolais, surtout aux populations locales, l’importance de préserver ces aires protégées. L’accès au parc est conditionné au paiement d’un prix forfaitaire de 5.000 à 10.000 Fcfa. Cet argent est reversé au fonds de développement local pour les populations autochtones. Par ailleurs, le séjour dans ces aires a un coût. Mais, l’accès au parc est difficile à cause de la dégradation des infrastructures routières. Toutefois, je puis vous assurer que le Président de la République, qui est un fervent disciple de l’Afrique verte, est en train de mettre en place des stratégies pour que ce site soit accessible à tous.
DN : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez au quotidien ?
BN : C’est surtout au niveau des communautés locales qui sont habituées à la chasse et à la cueillette. Nous les sensibilisons régulièrement sur l’importance de la conservation qui ne peut se faire sans leur apport. Aujourd’hui, le parc d’Odzala a été inscrit au rang de patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce n’est plus une propriété nationale. Elle est devenue une richesse internationale. Les regards de la communauté internationale sont rivés vers ce site. Notre devoir est de faire comprendre à la population qu’elle a entre ses mains un trésor qu’il faut chérir, protégé et garder intact. Ainsi, on essaye tant bien que mal de détourner l’attention des communautés à pratiquer des activités illicites qui vont à l’encontre de la conservation de la biodiversité.
Pour les dissuader, nous avons trouvé une formule, celle de les accompagner dans la mise en œuvre de certains projets en accord avec la conservation, telles que la production du miel, l’agriculture. Mais, le vrai combat est le conflit homme-faune. Des éléphants saccagent les cultures des communautés locales. Comment faire la compensation en attendant que l’état réagisse en sachant bien que nous n’avons pas réellement un chapitre pour ce genre de dépenses au niveau de la Fondation. Ensemble avec les communautés, nous trouvons des moyens pour palier la difficulté en mettant en place des projets pour limiter au maximum les conflits. Actuellement, nous travaillons sur un projet de clôture électrique qui permettront de repousser les éléphants afin de les garder loin des cultures.
DN : Comment se fait la lutte contre le braconnage ?
BN : Une question cruciale et très importante pour la préservation des espèces. Mais, je peux vous assurer que cette pratique est en baisse à cause des sanctions qu’encourent les braconniers. Le travail sur le terrain est énorme. En dehors des sensibilisations, on a aussi mis un accent sur la formation des éco-gardes. Par ailleurs, nous réfléchissons à des éventuels partenariats avec d’autres zones, pour étendre nos actions, en termes de lutte anti-braconnage. Mais quand les braconniers sont pris entre les filets de nos éco-gardes, il y a une procédure judiciaire à suivre et ils sont transférés soit à Ouesso, à Ewo, soit à Owando où ils attendent leur jugement.
DN : Quel est le regard de vos collègues hommes par rapport au travail que vous faites en tant que femme ?
BN : il est vrai que c’est un domaine très masculin. Mais, je pense qu’il est important que les femmes soient représentées dans tous les domaines. Au niveau de la fondation, nous nous battons à recruter des femmes. Présentement, nous avons des éco-gardes femmes qui font aussi bien leur travail que les hommes. Vue le travail que je réalise, les gens se rendent compte que les femmes peuvent mieux gérer une structure. C’est une grande charge mentale. Aussi, voudrais-je dire aux femmes qu’elles ont des potentialités insoupçonnées. Elles n’ont pas avoir peur, elles doivent foncer pour réaliser leurs rêves. Tout est possible. Car, le Congo est l’un des pays où les femmes ont les mêmes chances que les hommes du point de vue de la carrière.
Propos recueillis par Annette Kouamba Matondo.