Le département de Brazzaville a effectué, le 26 mars, sa rentrée administrative de l’année 2024. Cet évènement a été initié par le préfet Pierre Cebert Iboko Onanga dans le cadre de la relance de la pratique administrative et de la modernisation du service public dans son département.
Au cours de cette rencontre, les maires, les directeurs départementaux et le personnel de l’administration préfectorale ont été édifiés sur la rédaction administrative, leur rôle et leurs relations avec le préfet. Cette rentrée administration a permis au préfet de Brazzaville de dresser un constat peu reluisant sur le fonctionnement et la gestion des services déconcentrés. La décentralisation et la déconcentration constituent les deux piliers majeurs de la pratique administrative au Congo.
Actuellement, la décentralisation engage pleinement tous les acteurs de l’administration. Au regard de la loi, les administrateurs maires sont placés sous l’autorité directe du maire centrale mais, ils restent des autorités déconcentrées que les directeurs départementaux. Tous sont placés sous l’autorité du préfet qui est dépositaire du pouvoir de l’Etat. Toutefois, certains cadres de l’administration ignorent quelques dispositions de la loi. D’autres n’aiment pas parler des questions de la déconcentration, notamment le transfert de certaines compétences à l’administration locale, la gestion des directeurs départementaux et la notation.

Les maires, les directeurs départementaux et le personnel de l’administration préfectorale.
« Nombreux de nos cadres, à quelque niveau que ce soit, continuent à fonctionner avec des logiciels, mentalités, longtemps obsolètes, habités par la forte centralisation de l’administration. Je crois qu’ils ont mis trop du temps dans la centralisation au point où ils ne peuvent plus se démarquer. Mais, les cadres doivent s’affranchir. Quand les ministres quittent leurs somptueux bureaux pour aller dans tel ou tel département installer un nouveau directeur départemental, on se dit que ces gens-là n’ont rien à faire. Des ministres qui invitent les directeurs départementaux nouvellement nommés dans leurs bureaux pour la passation de service, c’est assez compliquer. Plus grave encore, les directeurs départementaux dont les services génèrent les liquidités ne mentionnent pas la rubrique recettes dans leurs rapports d’expression alors que le préfet ne gère pas les fonds de l’Etat. Mais, il doit connaitre néanmoins le montant réel de chaque direction départementale pourvoyeuse des recettes apportées au budget de l’Etat. C’est cela le plus important.
Quand ils viennent chercher les ordres de mission à la préfecture, vous les mettez en mission, mais lorsqu’ils vous rendent compte au terme de la mission, vous ne verrez aucunement un passage qui parle de recettes encaissées. C’est un sujet tabou. Si, vous ne signalez pas la rubrique recettes dans vos rapports, cela inspire le doute. On peut commettre des missions d’inspection chez vous. Je sais qu’il y a des directions départementales qui versent les fonds chez leurs directeurs généraux. Mais, nous nous faisons le plaisir de rappeler à ces cadres pour les recadrer. Ils sont nombreux. Maintenant, s’ils continuent à embrasser la perdition, ils trouveront la force de la loi », s’est exprimé le préfet de Brazzaville.
Le même constat estfait aux maires d’arrondissement qui marient les couples et accomplissent d’autres actes administratifs. « Vous avez célébré les mariages. Vous devrez néanmoins signaler le nombre et le montant généré dans vos rapports d’expression. C’est tout. N’en faites pas des sujets tabous. Encore une fois, nous sommes à la territoriale, on ne fait pas sa propre volonté mais, rendez compte », a martelé Pierre Cebert Iboko Onanga.
La rentrée administrative 2024 du département de Brazzaville a été une véritable école pour les maires, les directeurs départementaux et le personnel de l’administration préfectorale.
Par Orland Alain