L’inaccessibilité au système bancaire et des difficultés à obtenir des crédits par les populations favorisent actuellement l’essor de la tontine au Congo. Cette initiative, communément appelée ‘’ Likelemba’’ est devenue une véritable source de financement des projets pour les congolais.
Le sociologue, Jean François Obembé fils, qui observe ce phénomène ne s’en doute pas de l’évolution de ce modèle de mobilisation des ressources financières. Il définit la tontine en une association des membres d’un clan, d’une famille, des voisins ou des particuliers. Ces personnes décident de mettre en commun des biens ou des services au bénéfice de tout un chacun à tour de rôle.
Ce circuit tontinier permet aux populations de réaliser certains travaux de construction, d’achat des biens matériels : parcelle, appareils électro-ménagers, immobiliers, vêtements, voiture, etc. Elle aide aussi certains particuliers à résoudre quelques problèmes familiaux ponctuels et à entreprendre des activités commerciales.« La tontine offre aujourd’hui un rendement plus important que l’assurance-vie. Avec elle, on s’engage à verser une somme selon notre capacité financière fixée au préalable. La ristourne répond présente à l’urgence. La tontine est maintenant utilisée comme une caisse de prévoyance sociale. Elle permet de répondre à certaines urgences comme, les décès, les maladies et biens d’autres services », a indiqué Albert Milandou.
Cette réalité n’est pas anodine. Elle fait partie désormais du quotidien des congolais. « Présentement, nombreux vivent d’elle. On peut se permettre de le dire ; elle fait partie de l’économie informelle. Cette forme d’épargne est une seconde source de financements pour plusieurs personnes », a témoigné Martine Abaraka, sage-femme au CSI de Moukondo.
De même, Rodrigue Mabanza, commerçant au marché de Moukondo, a confirmé que la tontine aide à réaliser et financer des projets. « Je suis dans ce mode de financement depuis 20 ans. Je suis commerçant. C’est grâce à elle que je survis, gagne ma vie et construis celle de ma famille », a affirmé Rodrigue Mabanza.
Cependant pour réussir cette activité, les personnes qui s’y engagent devraient aussi être de bonne moralité pour ne pas tomber dans des travers ou détournements de fonds. « La tontine, c’est bien, elle aide, ok. Mais, j’ai été victime d’une manipulation hasardeuse. Je m’étais engagée deux fois. J’ai reçu ma part, pour la première fois, avec beaucoup de retard. La seconde fois, mon argent a été remis à moitié, alors que je m’attendais à une grande réalisation de projets. J’appelle tous à plus de vigilance et d’honnêteté », a déplorée Adrienne Koulossa.
La tontine a existé depuis le XIIe siècle avant l’introduction de la monnaie dans l’économie. Elle a été inventée par le banquier Italien Lorenzo Tonti. Elle incitait des épargnants à investir des fonds en commun avec un horizon de placement déterminé entre 10 et 25 ans. Au terme de l’opération, les revenus sont intégralement répartis entre les membres.
Par Dim-Martie MIZERE