Le 1er Forum national sur le handicap s’est tenu récemment à Brazzaville devant plusieurs délégués des organisations et associations des personnes vivant avec handicap. Plusieurs recommandations ont été formulées à cette occasion pour améliorer les conditions de vie de la personne en situation du handicap. Jean Pierre OMOMBE, auditeur comptable, expert assistant à la Direction générale des impôts et des domaines, Vice-président du Club des amis handicapés du Congo (CAHC), s’est réjoui de l’issue de ces assisses nationales. De même, il exhorte les personnes vivant avec handicap à plus de détermination pour une société inclusive. Le Vice-président de CAHC s’est exprimé dans Datsoue News, média en ligne.

Datsoue News (DN) : Que représente pour vous la tenue du 1er forum national sur le handicap ?

Jean Pierre OMOMBE (JPO) : Merci, cette rencontre représente beaucoup pour nous. C’est la première du genre au Congo. Sa tenue a coïncidé avec la commémoration de la journée internationale des personnes vivant avec handicap (PVH), le 03 décembre. Sur ce, nous remercions et rendons hommage au Président de la République, Denis Sassou -Nguesso, qui n’a jamais ménagé aucun effort sur les questions du handicap, son gouvernement et le conseil Consultatif des PVH. Si nous sommes aujourd’hui arrivés à ces assises parce qu’il y a eu un processus. Le forum n’est qu’un fora pour jeter les bases, poser les jalons, trouver les axes et les stratégies afin que demain nous vivons tous dans une société inclusive comme le veut le Chef de l’État. Une société où chaque enfant, quel que soit son état, trouve sa place.Le problème du handicap concerne tout le monde. Toute personne peut être frappé par le handicap. Les personnes vivant avec handicap ne l’ont pas choisi.  Donc, nous devons cultiver l’amour dans nos familles, encourager les enfants vivant avec handicap à aller à l’école.  Je suis devant vous parce que la famille m’a donné de l’amour et m’inciter à aller à l’école. Je vous assure qu’il y a du génie parmi les enfants vivant avec handicap. Il faut leur donner seulement de l’amour.  L’enfant qui a confiance, quel que soit sa condition face à son état, a besoin qu’on lui donne simplement de l’amour, c’est tout. Actuellement, tout le monde utilise Tik Tok. Savez-vous que le créateur de ce réseau social ne possède pas les membres inférieurs ?  Mais, il a eu du génie !  C’est pourquoi, nous demandons aux médias de produire des émissions, d’écrire des articles de sensibilisation sur la condition de la personne vivant avec handicap.

Les participants au 1er Forum national des PVH

DN : Actuellement, vous êtes Expert-comptable, l’accès à cette fonction a-t-il été facile pour vous ? Comment êtes-vous parvenus à ce niveau ?

JPO : Le problème, c’est d’abord la confiance en soi. Si, les parents vous donnent de la confiance, de l’amour propre, vous avez cette couverture d’aller plus loin dans vos études et vos ambitions. Nous avons certes un problème d’accessibilité, mais nous avons un collègue, inspecteur des impôts, parmi les meilleurs, Florentin Banzoulou, paraplégique de son état, qui a étudié à l’Institut supérieur de gestion. Comment a -t-il fait ? c’est la volonté. S’il faut ramper, même s’il faut souffrir, marcher à quatre pattes, ce qui est important, c’est d’être dans la classe et suivre les cours. Ce n’est pas le regard des gens qui peut m’arrêter. C’est une question de volonté, la manière de s’adapter à ce que l’on rencontre. Vous savez, lorsqu’ il y a de la volonté, de la persévérance, rien ne peut vous arrêter. La caractéristique d’une personne handicapée, c’est la détermination. C’est cela le génie qu’il faut développer. L’accessibilité constitue évidemment un problème, mais c’est beaucoup plus la volonté, la détermination de la personne, son engagement à braver les obstacles.

DN :  Pour vous, les attentes des PVH ont-elles été atteintes lors de ce forum ?

JPO :  Les attentes sont multiples. Nous avons formulé des recommandations. Le forum s’est bien passé. Nous avons réclamé la création d’un ministère en charge des questions du handicap. Ce n’est qu’une proposition. Mais, la décision revient au Chef de l’État.  C’est aussi, le cri de cœur de la Personne vivant avec handicap. Les femmes au Congo ont un ministère qui s’occupe de leurs problèmes. Elles sont stigmatisées, discrédités. Une femme qui perd son mari au nom des us et coutumes, elle est chassée de chez elle, pourtant il y a justice. Pour défendre les intérêts de ces femmes, le gouvernement leur a créé un ministère. Les jeunes ont également un ministère. Pourquoi ne pouvons-nous pas aussi avoir un département ministériel des PVH, lors qu’on reconnait que la question du handicap est transversale ?  Elle concerne tout le monde même les personnes valides.  Dans chaque famille, il existe des problèmes sur le handicap. En France, à côté de chez nous en RDC, au Sénégal, il existe un département ministériel pour les personnes vivant avec handicap.  Je crois que le Chef de l’État en tiendra compte. La majorité des intervenants au forum ont réclamé la création d’un ministère en charge de la question du handicap. C’est une problématique d’une catégorie de personnes. Le ministère des affaires sociales demeure, on ne se désolidarise pas de lui.

DN :  Le Congo assure -t-il réellement la protection de la personne vivant avec handicap ?

JPO :  Oui, la République du Congo possède des instruments juridiques pour protéger les personnes vivant avec handicap. Mais, il se pose un problème de sensibilisation. Il faut que la personne handicapée ait la connaissance des textes.  En cas de stigmatisation, elle peut porter plainte, déposer une main courante au commissariat de police.  Il ne s’agit pas de faire de la pitié devant le handicap, plutôt de saisir ses droits. Vous êtes une mère, la famille vous rejette à cause du handicap de l’enfant, la première des choses à faire, c’est de vous rapprocher des services sociaux, exposer le problème et savoir comment s’y prendre. Voilà pourquoi on parle d’inclusion. Le handicap n’est rien du tout, juste le regard des autres. Le rejet de la mère parce qu’elle a eu un enfant handicapé, cette stigmatisation doit être sévèrement sanctionnée désormais dans les familles.

DN :  Au terme de cet échange, avez-vous une dernière préoccupation ?

JPO : Mon dernier mot s’adresse aux personnes vivant avec handicap. Il faut avoir confiance en soi, aller vers les autres, ne pas être recroquevillé, c’est-à-dire se replier sur soi-même. Les PVH doivent participer aux activités avec les autres.  Nous ne sommes pas différents les uns des autres. L’inclusion est d’abord soi-même, de travailler, développer les compétences quel que soit le niveau. Avec les nouvelles technologies, on peut faire, créer beaucoup de choses. De même, j’exhorte les familles de ne pas abandonner les sœurs et les frères qui ont des enfants vivant avec handicap. Il suffit de leur donner de l’amour, les assister, faire en sorte que les enfants aillent à l’école, vous verrez leur génie.

Propos recueillis par Flore de Jésus.