L’écrivain chercheur, Prince Habib Lekouelowe, vient de publier aux éditions Renaissance africaine en France, son deuxième ouvrage intitulé ‘’ Homoios, le périple de l’eau et du sang ‘’. Ce livre a été présenté au public estudiantin congolais lors de la semaine de la francophonie qui s’est déroulée du 19 au 31 mars 2025 à Brazzaville. Prince Habib Lekouelowe   clarifie, dans un entretien avec Datsoue News, sa vision de Homoios.

Datsoue News (DN) : Vous venez de présenter votre livre au public congolais. Pourquoi avoir choisi ce titre si singulier ?

Prince Habib Lekouelowe (PHL) :  » Homoios, périple de l’eau et du sang » symbolise à la fois le regard sur l’humanité et la vie de l’autre.  Homoios est un mot Grec qui signifie mon semblable. Parler du ‘’ Périple de l’eau et du sang ‘’, c’est évoquer le voyage périlleux de mon semblable. Mais, qui est-il ?  Il s’agit de moi, de celui qui est en face de moi, donc de toute l’humanité en réalité.

Avec homoios, je parle déjà du principe de l’universalité des langues parce que tous les peuples se ressemblent et les cultures se chevauchent et se mélangent dans un contexte de globalisation. Pour ne pas rester uniquement francophone, j’ai voulu également emprunter la langue de mon semblable, la langue des autres en prenant un aspect du mot Grec pour parler de mon semblable. Cet autre qui est moi, en même temps, qui est cet inconnu que je ne connais pas, ou que je connais peut-être.  Le mot Grec ‘’ homoios ‘’ était le mieux approprié pour pouvoir parler de mon semblable. Donc, j’ai emprunté le mot « homoios » qui veut dire en français  » mon semblable ».

DN :   » Homoios, périple de l’eau et du sang ‘’ est – il une œuvre métaphysique ?

PHL :  Oui, c’est un livre qui traite de l’abstrait, des réalités ou des aspects qui touchent le quotidien de la vie, la mort, la culture, la faim, la famille, l’unité et la paix.

DN : Quel a été le déclic de votre inspiration ?

PHL :  Toute la vie regorge la beauté de la poésie. Notre environnement que nous observons, que nous regardons, peut être un déclic. Quelque chose peut nous pousser à écrire. Le déclic qui a fait naître ‘’ Homoios, périple de l’eau et du sang ‘’, a été l’intervention d’un artiste qui expliquait sur une chaine étrangère le désastre, l’abîme, les profondeurs abyssales de ce que nous voyons lorsque nous traversons la Mer pour aller chercher le bonheur ailleurs. Cela a été pour moi un choc qui m’avait poussé à écrire ce texte. C’est un hommage à mon semblable. Car mon semblable peut être celui que je regarde.  Moi-même face à un miroir. Mon semblable, c’est aussi toute l’humanité.

DN :  Quel conseil pouvez-vous prodiguer aux jeunes qui veulent emprunter le chemin de l’écriture ?

PHL : Aborder le chemin de la poésie, c’est être un auteur, un citoyen du monde, mais qui est engagé dans la vérité, dans la dénonciation des maux, dans la lecture de l’émotion et dans la réalité de la vie. Donc, s’engager dans la poésie aujourd’hui, pour ces jeunes qui veulent le faire, je les invite simplement à être engagés dans la société pour émouvoir le public et changer le monde à travers les mots.

Q : Nous constatons aujourd’hui le manque d’engouement des jeunes à l’écriture littéraire. L’écrivain congolais a-t-il peur de dénoncer les maux qui minent actuellement la société ?

PHL : Je ne le pense pas. Les écrivains congolais sont connus. Certainement qu’ils ne brillent plus à l’image de Tchicaya U tam’si, d’Henri Lopez et bien d’autres auteurs. Mais, il faudrait également comprendre qu’en réalité, au Congo, la littérature n’a plus un grand impact.  Toutes les structures qui gravitent autour de la littérature, qui devraient soutenir les écrivains, ne sont plus forcément présentes comme en France ou ailleurs. Il y a aussi les difficultés que rencontrent les écrivains au niveau de la publication des œuvres littéraires. Or, nous n’avons pas seulement d’éditeurs, mais également les libraires qui devraient acheter les livres pour les revendre. Ils ne le font presque pas. Il y a aussi la réalité du quotidien qui fait que les livres ne soient pas accessibles au niveau de la population. Sinon les écrivains existent. Nous pouvons retrouver dans leurs écrits, la dénonciation, la critiques et quelques observations du quotidien des congolais.

Q :  Au terme de cet entretien, avez-vous une dernière préoccupation que nous n’avons pas évoquée, sinon quel est votre dernier mot ?

PHL :  Mon dernier mot est de rappeler que cet ouvrage aujourd’hui, riche dans son contenu à travers la dénonciation des maux et sur les thématiques comme le racisme, l’unité, le développement de la société, est disponible sur le marché. Pour terminer, j’aimerais faire un clin d’œil à tous ceux qui ne cessent d’être avec nous les écrivains pour promouvoir la littérature congolaise. Ainsi, j’invite chaque lecteur à se procurer cet ouvrage et à découvrir l’engagement qui y est, afin qu’ensemble nous nous engageons réellement à changer les choses dans notre société.

Propos recueillis par Orland Alain.