L’humanité commémore chaque 28 mai la journée mondiale de l’hygiène menstruelle. Cette célébration est une occasion pour sensibiliser les différents acteurs sur l’hygiène menstruelle afin d’encourager des pratiques sociales positives, de surmonter la stigmatisation et les tabous. L’édition de cette année porte sur le thème : « Ensemble pour un monde respectueux des règles ». Au Congo, de nombreuses filles et femmes n’ont pas accès à des protections hygiéniques sûres et abordables. Cette situation impacte leur santé, leur autonomie et leur éducation. Or, l’hygiène menstruelle est un droit fondamental, une priorité pour l’équité, la santé publique et la justice sociale. Dans un entretien avec le média en ligne Datsoue News, la présidente de l’Association nationales des sage-femmes du Congo, Marie Fanny LOLO, dresse la situation peu reluisante de l’hygiène menstruelle en République du Congo.
Datsoue News (DN) : Que signifie la santé et l’hygiène menstruelle ?
Marie Fanny LOLO (MFL) : la santé et l’hygiène menstruelle n’est autre qu’une manière d’expliquer à nos jeunes filles, qui franchissent une autre étape de leur vie, comment se tenir devant l’arrivée des règles. D’abord les sensibiliser sur ce qui va arriver, pour celles qui n’ont pas encore les menstrues. Mais, ce n’est pas une chose facile d’aborder ces sujets dans nos foyers. Les mamans ont toujours honte d’évoquer la question de la reproduction et de l’hygiène menstruelle dans les maisons. Elles évitent de parler de ces sujets aux jeunes filles pour ne pas pousser les enfants à la prostitution. Mais il est important que la femme, la jeune fille qui commence sa vie génitale connaisse ce qui va se passer sur les différentes transformations de sa vie. Cela doit se dire avant. Il ne faut pas attendre , le jour des premières apparitions des menstrues pour parler à l’enfant. Quand vous attendez sans dire un mot, cela a des conséquences sur l’évolution de l’enfant. N’oubliez pas que certaines jeunes filles qui vont à l’école lorsqu’ elles voient leurs menstrues, se mettent à pleurer, à se torturer à faire quoi que ce soit, parce qu’elles n’étaient pas informées. Maintenant, c’est de notre rôle de les sensibiliser sur la santé et l’hygiène menstruelle. Quand les règles vont arriver, comment se prendre pour ne pas salir le slip et comment faire pour être propre. Car, certaines filles ne se lavent pas en période de menstrues. Elles sentent mauvaises. Je parle surtout de nos jeunes filles actuelles et même des mamans qui cachent leurs sous-vêtements tachés de sang dans des maisons. Cela pollue la chambre. On ne peut même pas bien respirer. Les hommes en connaissent quelque chose. Cette journée nous permet de parler de toutes ces aspects auprès de jeunes filles et des mères qui ne sont pas propres. Comment elles doivent s’y prendre quand elles sont dans la période de menstruation.

Marie Fanny LOLO saluant la Représentante résidente de l’UNFPA au Congo, Agnès KAYITANKORE lors de la célébration de la journée mondiale de la sage-femme.
DN : À quel âge une fille peut-elle avoir ses premières menstrues ?
MFL : Cela dépend d’une famille à une autre. Normalement, les jeunes filles ont leurs règles à 12 ans, à 14 ans, 15 ans voire même à 18 ans un peu en retard. J’ai vu une autre qui en avait à 22 ans, c’est vraiment très en retard. Aujourd’hui, les petites filles ont leurs menstrues à 8 ans. Je ne sais pas si c’est l’alimentation qui fait que ce phénomène soit fréquent au niveau de notre pays.
DN : À quel moment faut-il en parler et comment se comporter face à cette situation ?
MFL : Il faut commencer tôt, depuis l’école primaire. Que les enseignants soient briefés sur ce qui se passe. Au niveau de notre association, nous allons partir auprès de nos jeunes petites filles pour leur parler de ce qu’il faut faire quand elles ont leurs règles. Comment elles doivent s’y prendre. Elles doivent se laver, garder le slip propre et se changer de temps à autre quand elles salissent leurs caleçons. C’est tout cela qu’il faut faire lorsqu’elles sont en période de menstrues. Quand les règles sont abondantes, si certaines filles ont mal au ventre, elles doivent se faire consulter. Si la jeune fille n’est pas informée par la maman, nous avons au moins cette capacité de parler et de conseiller nos enfants. Il faut se laver, être propre, c’est du sang. Ce sont des déchets de sang qui sentent mauvais surtout le deuxième jour. Maintenant, imaginez que vous gardez le slip et tout ce que vous utilisez dans la chambre, comment cela va être ?
C’est ce que nous allons enseigner à nos jeunes filles. Elles doivent se laver, doivent garder leurs slips propres, et avoir un certain matériel pour affronter cette période. Elles doivent aussi venir nous voir quand cela gêne un peu, des douleurs violentes, elles doivent se présenter à l’hôpital. Cela peut se traiter. C’est tout cela qui nous pousse à commémorer cette journée où chaque jeune fille, chaque maman doit participer en principe ainsi que les sages- femmes.
Propos recueillis par Flore de Jésus.