L’univers médiatique congolais vient de s’enrichir avec la création d’une nouvelle chaine numérique dénommée ‘’ Bilili TV ‘’. Cette chaine en ligne entend faire, la télévision autrement, offrir aux téléspectateurs des images nec plus ultra et de contenus alléchants. Son promoteur, Geraldin Andzouana N’Kaba, parle, dans une interview réalisée avec le média en ligne ‘’ Datsoue news ‘’, de la vision et des ambitions de la chaine ‘’ Bilili TV ‘’.
Datsoue News (DN) : Que signifie Bilili TV ; cette dénomination n’est -elle pas tendancieuse ?
Géraldin Andzouana N’kaba (GAN) : Bilili TV en français signifie les images. Je suis d’abord technicien de base et cameraman. Dans mon parcours professionnel, j’ai travaillé à DRTV, MCR TV et à Vox TV. Aujourd’hui, je me suis lancé dans la création d’une chaîne de télévision en ligne. Cette décision de créer une chaine de télévision permet de valoriser mon métier de cameraman. Par ailleurs, la dénomination Bilili TV n’est pas tendancieuse. Elle est plutôt juste. Vous savez qu’aujourd’hui dans le domaine de l’audiovisuel, les gens se lancent sans conviction. Elles diffusent des images parfois de mauvaise qualité. Mais, nous ne sommes pas venus dans le paysage médiatique congolais pour corriger les gens. Nous venons plutôt pour améliorer et mettre en lumière notre savoir-faire. Aussi, le monde doit-il apprécier à travers notre chaine le génie congolais.
DN : Quelle est la ligne éditoriale de Bilili TV?
GAN : Nous sommes une chaîne de télévision généraliste basée sur la culture, l’actualité, l’information variée, le divertissement. Nous avons des émissions telles que ‘’ Libre tribune ‘’, ‘’La santé est ma priorité ‘’, ‘’ Bilili Tech ‘’, ‘’ Art traditionnel ‘’, etc. Dans notre façon de faire, nous voulons changer ce paysage médiatique congolais en apportant un peu du nouveau. Nous diffusons des films congolais pour mettre en valeur la culture et les artistes nationaux.
DN : Dans un environnement médiatique, aujourd’hui, saturé où les médias en ligne pullulent et naissent comme des champignons avec des contenus parfois douteux, comment Bilili TV compte – t- elle se démarquer des autres ?
GAN: Sincèrement, nous sommes une chaîne de télévision en ligne différente des autres. Nous ne sommes pas des amateurs. Nous avons un programme bien défini par rapport à nos objectifs. Rassurez-vous, nous n’allons pas décevoir le monde qui nous regarde. Il est vrai que les difficultés ne manquent pas dans la construction d’une œuvre, mais vous ne serez pas déçus.

DN : Bilili TV est née, quel est le déclic qui vous a motivé pour sa création ?
GAN : j’ai travaillé dans différents médias privés de Brazzaville et de l’extérieur. Je ne dirais pas que tous les patrons de ces médias sont mauvais. Cependant, le comportement de certains frustre les employés. Ils ne respectent pas leurs engagements vis-à – vis des travailleurs. Leurs intérêts priment sur l’intérêt collectif. Ils n’ont aucun respect à l’égard des employés. Voilà pourquoi, je me suis engagé à entreprendre dans le domaine des médias pour combattre certaines injustices.
DN : Pensez-vous faire mieux que les autres patrons ?
GAN : Nul n’est parfait sur la terre des hommes. Je pense que dès lors que vous avez une structure de production à gérer, il faut privilégier la transparence et l’orthodoxie financière. C’est une règle fondamentale pour la cohésion et la motivation de tout le monde. Par exemple, je suis président fondateur, mais, je ne gère pas les finances. Nous avons un directeur marketing et comptable, une directrice générale qui gère la chaîne. Mon rôle se cantonne à chercher les partenaires pour nouer les contrats.
DN : La gestion d’une chaîne de télévision nécessite des ressources humaines, financières, matérielles, avez-vous les moyens de votre politique pour conduire à bien cette mission ?
GAN : La volonté constitue la base de notre politique. Si, on se focalise sur les moyens pour se lancer dans l’entrepreneuriat, nous n’allons rien faire. Nous avons lancé Bilili TV, nous n’avions rien. Alors que nous avons présenté ce projet à plusieurs personnalités. Personne ne nous a cru. Vous savez que pour créer une chaîne, il faut avoir les fonds. Mais, Dieu a fait grâce, notre projet se concrétise par la détermination de toute l’équipe qui anime cette chaine. Les moyens viendront avec le temps. Le peu qu’on puisse avoir nous permet de faire fonctionner Bilili TV.
DN : Au Congo, le constat fait par la population révèle que les chaînes de télévision naissent et disparaissent vite soit par la mauvaise gestion, soit par l’arrogance des patrons, BililiTV ne connaîtra -t- elle pas le même sort que les autres ? Peut – elle faire l’exception cette fois -ci ?
GAN : Rendez-vous dans 5 ou 10 ans Vous ne serez pas déçus.
DN : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez depuis le lancement de votre chaîne ?
GAN : Vous savez que dans notre pays, pour vous croire, il faut que vous soyez peut-être un expatrié. Sinon, c’est difficile de réaliser une activité sans contraintes. Il y a également beaucoup de réticences sur le terrain. Lorsque nos équipes vont réaliser les reportages, le gens leur posent trop de questions sur Bilili TV ; parfois, elles doutent de nous. Certaines nous traitent comme des arnaqueurs, à la quête de l’argent facile, des personnes qui sont à la solde du pouvoir. Alors que nous avons créé cette chaine de télévision pour être au diapason d’autres médias du monde. L’autre problème est que le Congo ne dispose pas d’organes de soutien ou d’accompagnement des entreprises de presse. Le conseil supérieur de la liberté de communication (CSLC) régule certes, a ce que je sache, il ne subventionne pas les médias. Il n’y a pas aussi des sponsors qui peuvent soutenir des initiatives des organes de presse. Les sociétés de téléphonie mobile implantées dans notre pays sont nos premiers concurrents. Ailleurs, ce sont ces sociétés qui font vivre les entreprises de presse. Chez nous, c’est le contraire. Quand on envoie les courriers aux partenaires, je vous le dis sincèrement, c’est difficile pour qu’ils puissent vous répondre. Aujourd’hui, les sponsors n’existent presque pas. Les partenaires et le ministère n’arrivent pas à nous aider, à soutenir la presse.
DN : Êtes-vous affiliés à une organisation ou à un parti politique ?
GAN : Non, c’est là où ça nous crée des problèmes. On veut être autonome et respecter notre ligne éditoriale. Toutefois, nous avons besoin d’un soutien financier parce que seul nous ne pourrons pas atteindre nos objectifs. Si quelqu’un vient avec de l’argent pour nous soutenir, c’est une bonne chose, mais qu’il n’y ait pas des injonctions. Qu’il ne vienne pas s’immiscer dans la gestion de notre chaine.
DN : savez-vous que l’argent a un pouvoir ?
GAN : Je suis d’accord que l’argent a un pouvoir, mais je dirais qu’il faut aussi avoir des ambitions. C’est d’abord cela. C’est bien beau de créer des chaînes en ligne. Aujourd’hui, je vois certains promoteurs des médias en ligne qui peinent à évoluer par le manque d’ambitions. Actuellement, nous sommes sur le bouquet Sepela qui est suivi en Europe, en Allemagne et en RDC. Bilili TV est aussi sur les bouquets Ivoire Chanel, Bero SAT et TV chaînes. Bientôt, nous serons sur le bouquet Bleu Sat en RDC, Canal + et Startimes . Chez Bilili TV, nous militons pour le respect des normes journalistiques et l’éthique professionnelle.
DN : Nous sommes au terme de notre interview, y a-t-il un aspect ou une préoccupation que vous souhaiterez aborder ?
GAN : oui, je demande aux congolais de croire à Bilili TV et qu’ils n’hésitent pas à nous contacter et à venir communiquer chez nous.
Propos recueillis par Orland Alain.