La deuxième Conférence internationale sur le PEN-PLUS en Afrique (ICPPA) s’est tenue du 8 au 10 juillet 2025 à Abuja, capitale fédérale du Nigeria.  Cet événement a été placé sur le thème : « Faire progresser la mise en œuvre de la stratégie PEN-Plus contre les maladies non transmissibles (MNT) graves en Afrique : innovations techniques, perspectives opérationnelles et solutions évolutives ». Au terme de cette rencontre de haut niveau, le Dr Armando Antonio, Expert en matière de santé à l’OMS- Afrique, dresse le bilan de ces assises dans un entretien réalisé avec le média en ligne Datsoue News. 

Datsoue News (DN) : Le forum PEN-Plus 2025 qui vient de se tenir à Abuja, au Nigeria, a-t-il atteint l’objectif fixé au regard des enjeux actuels ?

Le Dr Armando Antonio (AA) :  Les principaux objectifs de la deuxième réunion sur les maladies chroniques graves (ICPPA 2025) étaient d’évaluer les progrès réalisés par les 20 pays prioritaires dans le cadre du projet PEN-Plus dans la région, de faciliter le partage des connaissances et renforcer les capacités techniques pour sa mise en œuvre ;

Renforcer la collaboration régionale et promouvoir des solutions évolutives, y compris en matière de financement durable des maladies non transmissibles (MNT) ; Faciliter les préparatifs de la prochaine réunion mondiale de haut niveau sur les MNT. Tous ces objectifs ont été atteints.

 En effet, les vingt pays sélectionnés pour la mise en œuvre du projet PEN-Plus sur le continent africain ont présenté leurs activités en cours, ce qui a permis d’évaluer le niveau d’avancement du projet et les progrès accomplis. Les pays ayant de bonnes pratiques de mise en œuvre, tels que le Malawi, l’Ouganda, le Mozambique, le Rwanda, le Kenya et la Sierra Leone, ont partagé leurs expériences, qui serviront de référence pour les autres.

Concernant l’innovation et les technologies, des présentations et échanges ont porté sur différentes solutions technologiques liées au diagnostic et au traitement des maladies chroniques graves, ainsi qu’aux systèmes d’information qui pourront contribuer à améliorer l’accès et la couverture des soins pour les MNT graves.

S’agissant de la collaboration internationale et du financement de la santé, les meilleures stratégies de coopération entre pays, ainsi qu’entre pays et   partenaires, ont été discutées, tout comme les approches visant à renforcer la mobilisation et l’efficacité du financement de la santé.

  Les participants à la 2ème Conférence internationale sur le PEN-PLUS en Afrique ICPPA 2025.

DN : Quelles sont les avancées obtenues au cours de ces assises ?

 AA :  La réunion a conclu que des progrès significatifs ont été réalisés dans les 20 pays qui mettent en œuvre le projet PEN-Plus, notamment dans cinq domaines clés. Dans la Communication de la stratégie régionale PEN-Plus, plusieurs supports de communication ont été diffusés comme sur la création d’un site web officiel, la publication d’un rapport de plaidoyer et d’un communiqué de presse, les messages sur les réseaux sociaux, la production de vidéos sur PEN-Plus et l’ICPPA, les fiches d’information avec messages de haut niveau, la publication du PEN Magazine, ainsi que d’autres supports de visibilité.

De même, une évaluation de la situation des maladies chroniques graves a été réalisée dans les 20 pays sélectionnés. Le rapport est actuellement en cours de finalisation. Sur l’engagement pour améliorer la gouvernance de la stratégie PEN-Plus, les 20 États membres chargés de la mise en œuvre ont pris un engagement politique en faveur du projet. Des partenaires ont été identifiés dans chaque pays, et le rapport régional, incluant ces partenaires, sera finalisé d’ici août 2025.  

Au niveau de la promotion de l’amélioration de la prise en charge des maladies, tous les pays ont élaboré des lignes directrices pour le traitement des maladies chroniques graves et forment actuellement du personnel de santé pour assurer leur prise en charge dans les hôpitaux de district. À ce jour, 50 % des pays fournissent déjà des soins à ces patients, contribuant ainsi à améliorer leur qualité de vie et à réduire la morbidité et la mortalité. Par ailleurs, la structure de suivi global de PEN-Plus est en phase finale de développement.

DN : Pourquoi avoir mis l’accent sur les trois maladies graves que sont la drépanocytose, le diabète de type 1, et les cardiopathies rhumatismales congénitale, alors qu’il existe aussi d’autres maladies graves non transmissibles ?

AA : La stratégie PEN-Plus couvre plusieurs maladies chroniques graves, notamment le diabète de type 2 insulino-dépendant, les cardiomyopathies, l’hypertension artérielle sévère, l’asthme persistant modéré à sévère, la drépanocytose, le diabète de type 1, ainsi que les cardiopathies rhumatismales et congénitales. Lors du congrès, l’inclusion des maladies rénales chroniques a également été discutée. Mais, la plupart des pays priorisent les trois maladies les plus fréquentes, car elles sont plus faciles à prendre en charge au niveau des hôpitaux de district.

 Toutefois, cette priorisation n’exclut pas la possibilité, pour certains pays, d’inclure d’autres pathologies graves pouvant être traitées au niveau des soins de santé primaires lorsque les conditions le permettent.

 DN : Quand et où se tiendra la prochaine conférence internationale PEN-Plus en Afrique ?

 AA : La deuxième réunion régionale de l’ICPPA est prévue pour mars 2026. Cependant, la date définitive reste à confirmer, tout comme le pays hôte, qui n’a pas encore été désigné. Il est toutefois espéré qu’il s’agira d’un pays francophone ou lusophone ayant une expérience significative dans la mise en œuvre du projet PEN-Plus.

Propos recueillis par Flore Somboko.