Le gouvernement de la République du Congo a dressé un point d’étape sur la mise en œuvre du budget programme ; quelques mois après le basculement de l’ensemble des ministères et institutions vers ce nouveau mode de gestion des finances publiques. Cette évaluation a été faite récemment par le ministre des finances, Christian Yoka , lors de la séance des questions orales avec débat au sénat.
Le ministre a souligné à cette occasion que la réforme, engagée conformément aux directives communautaires de la CEMAC, dépasse le simple cadre d’un ajustement technique. Elle traduit la volonté politique du gouvernement d’inscrire le Congo dans une trajectoire de transparence, d’efficacité et de redevabilité.
Le Congo a officiellement basculé en mode programme en 2025, après une phase d’expérimentation menée en 2024 avec sept ministères pilotes. Cette approche progressive est séquentielle. Elle est justifiée par la complexité inhérente au processus de budgétisation en mode programme. Ce qui explique que la réforme est encore à ses premiers pas dans le pays .
Malgré cela ,le ministre a énuméré quelques avancées notables pour un chantier encore jeune.
Le cadre de mise en œuvre de cette réforme se consolide progressivement sur le plan institutionnel. Dès 2018, le gouvernement a transposé l’ensemble des directives de la CEMAC en droit interne, avant d’adopter des textes d’application essentiels qui ont permis le basculement effectif vers le budget programme.
L’émergence progressive d’une culture de la performance prend de plus en plus corps au sein des administrations publiques. Les ministères ont élaboré leurs projets annuels de performance pour l’exercice 2026.

Les sénateurs présents à la séance des questions orales avec débat.
De même, les premiers rapports annuels de performance des ministères pilotes de 2024, adossés à des outils stratégiques et à des indicateurs de résultats, seront produits l’année prochaine. Le ministre a aussi rappelé que cette démarche marque la transition d’une logique de moyens vers une logique d’efficacité et de résultats.
Le gouvernement envisage d’engager un effort soutenu de renforcement des capacités, à travers des formations ciblées destinées à accompagner les acteurs publics dans la programmation, la budgétisation et le suivi de la performance.
Des difficultés structurelles et opérationnelles persistantes
Nonobstant ces avancées, le gouvernement reconnait l’existence de plusieurs défis. Les structures administratives des ministères apparaissent parfois peu adaptées.
L’hétérogénéité des organigrammes entretient un flou institutionnel, notamment sur les fonctions transversales de coordination. Cette situation freine l’institutionnalisation des organes clés du budget programme et limite l’émergence de mécanismes internes de pilotage efficaces et durables.
À cela s’ajoutent des capacités techniques et des outils encore insuffisants. Certains ministères manquent de compétences en planification, en statistiques et en suivi-évaluation. L’absence de responsables d’activités et de contrôleurs de gestion limite également le pilotage des programmes budgétaires.
En outre, la qualité inégale des indicateurs de performance reste un autre point de fragilité. La définition d’indicateurs fiables, pertinents et mesurables demeurent encore un défi dans certains départements ministériels.
Des contraintes de gouvernance et d’exécution budgétaire sont également relevées. Les résistances au changement retardent la mise en œuvre de certaines réformes. Les difficultés financières que traverse le pays constituent aussi un défi majeur pour assurer une exécution budgétaire à la hauteur des ambitions de la réforme.
Des mesures envisagées pour renforcer la transparence et l’efficacité
Face à ces défis, le gouvernement a annoncé plusieurs mesures structurantes. Il préconise un renforcement massif des capacités nationales à travers le déploiement d’un programme de formation pluriannuel. Ce programme vise à professionnaliser davantage les gestionnaires et managers des programmes budgétaires.
La seconde mesure porte sur le renforcement des outils de gestion et de pilotage. Avant la fin de l’année, un canevas type de la charte de gestion du programme budgétaire sera mis à la disposition des ministères sectoriels afin d’améliorer la gouvernance et le suivi des programmes.
Par ailleurs, le gouvernement entend renforcer et déployer le système d’information de gestion des finances publiques, qui devra être stabilisé et consolidé pour permettre un reporting fiable des opérations budgétaires pour l’ensemble des acteurs. La conduite du changement sera également améliorée à travers la mise en place d’une cellule nationale de communication dédiée à l’accompagnement de la réforme.
Enfin, le gouvernement rappelle que la réforme du budget programme constitue un chantier vaste, ambitieux et de long terme. « Le gouvernement est pleinement mobilisé pour en faire un véritable succès », a assuré le ministre des finances.
Christian Yoka a réaffirmé l’engagement du gouvernement en faveur d’une gestion plus transparente, performante et responsable des finances publiques.
Par Orland Alain.